Victor Vasarely (1908-1997)
Avec Jean Lurçat et ses suiveurs peintres-cartonniers, le mouvement de renaissance de la tapisserie dans les années 1950 a apporté des thèmes renouvelés mais toujours sur un mode représentatif traditionnel. Pourtant, ce mouvement a également porté des explorations graphiques plus diverses : l’expérience de la voie abstraite, avec pour chef de file Victor Vasarely.
En 1951, le plasticien Victor Vasarely est déjà un maître de l’Op’Art, art optique. Il expose ses tableaux à Paris, dans la galerie de Denise René, présentant essentiellement des peintres de l’abstraction géométrique. Vasarely a alors l’idée de composer un carton étudié pour la tapisserie, et il prend contact avec François Tabard, directeur d’un des ateliers les plus importants d’Aubusson : c’est le début d’une longue et fructueuse collaboration entre le peintre, l’atelier et la galerie, jusqu’en 1976.
Il peut sembler surprenant que ce peintre de l’illusion optique, dont la production et les recherches picturales sont considérées à l’époque comme un mouvement d’avant-garde, s’intéresse aux possibilités offertes par le support "tapisserie". En fait, Vasarely veut expérimenter ses inventions : "J’accrois une dimension et je développe mes abstractions dans l’espace (fonctions polychromes, fonctions sculpturales)."
Le rôle essentiel de la couleur dans les constructions bâties par Vasarely a mis en avant le savoir-faire des teinturiers et des coloristes de l’atelier Tabard. L’impact optique et l’illusion de mouvement de la plupart des modèles imaginés par l’artiste reposaient sur un réseau géométrique très précis de segments liés les uns aux autres, et là encore la réalisation du carton demandait une certaine expérience. Vasarely a trouvé à Aubusson la possibilité d’appliquer ses expériences cinétiques et la tapisserie a trouvé avec lui un nouvel espace, en parallèle du "groupe Lurçat".