Jean-René Sautour-Gaillard (1946-2016)
Né en 1946 à Paris, le peintre cartonnier Jean-René Sautour-Gaillard récemment disparu a occupé une place particulière dans le monde de la tapisserie à partir des années 1970.
À la fin de ses études en arts appliqués à l’École nationale des arts appliqués à l’industrie (qui deviendra l’École Olivier-de-Serres, École nationale supérieure des arts appliqués et des métiers d’art), Jean-René Sautour-Gaillard choisit de suivre l’atelier d’art mural dirigé par Robert Wogensky, auprès duquel il découvre la puissance de l’art monumental. Il devient ensuite professeur d’arts plastiques dans le secondaire puis retrouve l’Ensaama pour enseigner l’expression plastique.
Son travail est marqué par l’Abstraction lyrique.
En 1971, il crée sa première maquette de tapisserie, Métamorphose, qu’il entreprend de faire tisser à Aubusson.
Sur les conseils de Robert Wogensky, il rencontre tous les lissiers d’Aubusson, et choisit de travailler avec l’atelier Camille Legoueix. D’emblée, sa vision de la tapisserie est très précise : « Le fait de confier la réalisation du tissage à d’autres mains semble donner à l’œuvre une force nouvelle et me permet de l’appréhender à ce moment-là, lorsqu’elle est de laine et non de couleur, avec un rapport différent. L’œuvre naît une seconde fois, plus forte et plus profonde. Dès mes premières tentatives, j’ai choisi de faire une œuvre qui ne serait pas faite d’images, mais conçue dans l’orchestration d’une architecture de couleurs. »[1]
Il met peu à peu en place son « style » : une utilisation étudiée des couleurs et l’évocation du médium textile à travers des collages en trompe-l’œil.
Il créera plus de 250 modèles, maquettes et cartons de tapisserie, jusqu’en 2002, avec la tapisserie Intimes Convictions, restant fidèle à Camille Legoueix, avec qui une confiance réciproque lui permet de laisser une part d’interprétation au lissier. Il évoque ainsi la découverte de ses œuvres lors des tombées de métier : « Parfois il peut y avoir des bonnes surprises parce qu’il y a une interprétation magistrale, qui n’est pas celle à laquelle vous pensiez. […] Je suis très curieux de cela, du moment où on découvre son œuvre une seconde fois, identique à ce que vous avez fait, mais différente. »[2]
Parmi ses créations les plus remarquables figure la tenture monumentale Pour un certain idéal, troisième plus grande suite de tapisseries au monde, après La Tenture de L’Apocalypse d’Angers (XIVe siècle) et Le Chant du Monde de Jean Lurçat. Cette immense suite de 17 tapisseries (267 m2) retrace l’histoire du sport et des jeux olympiques. Elle a été acquise en 2007 par le Musée olympique de Lausanne.
En décembre 2002, Jean-René Sautour-Gaillard est plongé dans un coma qui durera neuf mois des suites d’une méningite, avec des conséquences médicales qui impliqueront une mise sous tutelle et le tiendront éloigné des ateliers de tissage pendant 10 ans.
En 2007, il rencontre sa nouvelle tutrice nommée par le juge des tutelles, Sylvie James-Jarrethie, qui par sa foi et son investissement, va éclairer ses dernières années d’un optimisme et d’une envie de reconstruire. Elle va notamment être maître d’œuvre de l’ouvrage monographique Jean-René Sautour-Gaillard, La Déchirure, de Dany Cavelier, publié en 2013 aux éditions Lelivredart.
Sa dernière venue à Aubusson date de l’été 2014, lorsque la Ville d’Aubusson lui consacre une rétrospective.