Jean Lurçat (1892-1966)
Jean Lurçat (1892-1966) est considéré comme l'artiste emblématique de la tapisserie, qui a su relancer la création aubussonnaise au milieu du XXe siècle.
Après les études du lycée et une première année de médecine, le Vosgien Lurçat entre dans l’atelier de Victor Prouvé, directeur de l’Ecole de Nancy, où il fait son apprentissage de peintre et de fresquiste. Parti à Paris en 1912, il y rencontre des personnes passionnées par l’art : des galéristes, des collectionneurs, des marchands, mais aussi des écrivains et des poètes. Ces années parisiennes façonnent Lurçat. Très actif, il s’implique dans la vie culturelle et politique de son époque, il noue des relations qui seront certainement des atouts pour son succès futur.
Pendant la guerre, au cours d’une période de convalescence due à une blessure, il peint des aquarelles. C’est à ce moment-là que sa mère se met à transformer les peintures de son fils en grands canevas (technique du point à l’aiguille). Entre 1919 et les années 1930, Lurçat confie ses nouveaux tableaux à Marthe Hennebert, son épouse, qui sera interprète et brodeuse pour les canevas suivants. Pour la boutique de Marie Cuttoli, il dessine aussi des modèles, de tapis au début, puis pour une première tapisserie, que Marie Cuttoli (d’origine corrézienne) envoie à Aubusson, dans l’atelier Delarbre. C’est le premier lien entre Lurçat et Aubusson. Mais jusqu’en 1939, Lurçat est surtout connu comme peintre ; il envisage même une carrière aux Etats-Unis, où ses tableaux sont très appréciés.
Tout s’accélère un peu avant la guerre, lorsque le directeur des Manufactures nationales, Guillaume Janneau, qui connaît le travail de Lurçat depuis les années 1920, lui passe une importante commande pour un ensemble mobilier et tapisserie (tissé aux Gobelins).
Il lui confie surtout une mission à Aubusson avec Gromaire et Dubreuil. Avec le soutien et les conseils de quelques Aubussonnais de la profession (Maingonnat, Tabard…), les trois peintres deviennent à Aubusson des "peintres-cartonniers", et ils créent chacun de nombreux modèles, remarqués par la force inédite de leur expression et par leurs gammes de couleurs. Le renouveau de la tapisserie démarre alors et Lurçat en est considéré comme le fondateur.