Cartons et teintures

“Penser laine” : le cartonnier‑coloriste
Acteur indispensable au tissage, le cartonnier-coloriste transcrit la maquette originale de l’artiste en un modèle, le “carton”, passant du langage pictural au langage textile. Glissé sous les fils de chaîne, le carton guide le lissier tout au long du tissage. Il peut être plus ou moins éloigné de l'œuvre originale, d’un simple agrandissement à l’échelle de la tapisserie avec quelques indications, à une traduction complète de l'œuvre. Le cartonnier-coloriste peut intervenir sur trois éléments de la tapisserie: il sélectionne les couleurs pour créer un nuancier adapté à l'œuvre ; il choisit la manière d’effectuer les passages de couleurs (rayures, battages, chinés, etc.) ; il joue avec la grosseur et la nature des fils utilisés en tissage (simple ou double chaîne, nombre de brins de laine, etc.).
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La teinture
Les teinturiers locaux mènent une véritable recherche de nuances correspondant aux besoins spécifiques de la tapisserie de basse lisse. Le savoir-faire empirique du teinturier ou “coloriste” consiste en la maîtrise du dosage des pigments, à l'œil, et du temps de cuisson permettant d’obtenir la teinte souhaitée. Il assure ainsi une régularité des teintes et la durabilité des couleurs dans le temps. Les teintureries artisanales, à l’inverse des procédés industriels, témoignent d’un véritable savoir-faire qui s'acquiert par transmission et expérience et ne dépend pas de recettes précises. L’artisan teinturier travaille à la main, utilisant la trichromie visuelle : il crée la nuance désirée en ajoutant progressivement par petites doses les pigments en poudre des couleurs primaires (bleu, jaune et rouge). Jusqu’à la fin du XIX e siècle, les teintures employées pour colorer les fils étaient d’origine naturelle. Insectes, plantes et minéraux fournissaient ainsi de précieuses sources de pigments qui connaissent aujourd’hui un véritable regain d’intérêt.