La Cité internationale de la tapisserie lance sa nouvelle collection "Carré d'Aubusson", avec une première œuvre tissée d'après Raúl Illarramendi. Révélation le 14 février prochain.
La collection "Carré d’Aubusson", dont les œuvres sont destinées à entrer dans le Fonds contemporain de la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson, a l’ambition d’initier et de produire une série d’œuvres contemporaines en tapisserie, à l’échelle de l’habitat et du décoratif, d’une surface carrée d'environ 3,3 m² (1,84 m x 1,84 m), en lien étroit avec des galeries.
La direction artistique de la collection a été confiée à Mathieu Buard, commissaire d'expositions et professeur à l'École Duperré (Paris). Le premier artiste sollicité pour rejoindre le Fonds contemporain de la Cité de la tapisserie au sein de la collection "Carré d'Aubusson" est Raúl Illarramendi, dans le cadre d'une convention signée avec la galerie Karsten Greve (Paris). Le tissage de son "Carré", Détail inachevé - EA 236, confié à l'atelier Just'Lissières à Aubusson, sera libéré du métier à tisser le 14 février prochain au sein de l'atelier, puis présenté au public à 16h à la Cité internationale de la tapisserie.
Pourquoi la collection "Carré d'Aubusson" ?
Aujourd'hui la tapisserie de basse-lisse est présente dans de grandes galeries spécialisées, telles que Chevalier, Hadjer, Boccara ou Deroyan, qui ont déjà une clientèle captive. Avec la collection "Carré d'Aubusson", l'objectif est d'aller chercher des galeries d'art contemporain d'envergure internationale (la galerie Karsten Greve est présente à Paris, en Suisse et en Allemagne), qui peuvent s'intéresser à la tapisserie dans un contexte de plus en plus favorable aux arts textiles, pour l'intégrer dans ses expositions aux côtés des autres productions de ses artistes.
Après avoir identifié un artiste pressenti pour la création d'un "Carré", la Cité de la tapisserie sollicite sa galerie pour le financement d'une maquette de tapisserie. La galerie cède à la Cité de la tapisserie les droits de tissage du premier exemplaire (sur les huit possibles), dont la fabrication est assurée par le Fonds régional pour la création de tapisseries contemporaines. La Cité de la tapisserie met ensuite l'exemplaire à disposition de la galerie, ponctuellement, afin que l'œuvre soit présentée parmi les autres productions de l'artiste, dans le but de générer des retissages pour le compte de collectionneurs au sein des ateliers de la région d'Aubusson-Felletin.
Pour intéresser les collectionneurs d'art contemporain et correspondre à leur budget moyen, les coûts de production et le calendrier sont totalement maîtrisés, en amenant les artistes à appréhender la technique de la tapisserie, à maturer longuement leur maquette à travers des mini-résidences à Aubusson.
"Contrepoint aux appels à projets monumentaux que la Cité de la tapisserie réalise par ailleurs, chaque carré de tapisserie, par sa valeur patrimoniale et contemporaine, devient écran textile, fenêtre picturale, paysage tissé...
Dans cet ensemble particulier, la force décorative renoue avec l’usage traditionnel de la tapisserie, produit mobile et mobilier vertical, à échelle domestique : un format à la valeur immersive et, paradoxalement, à la mesure du quotidien.
La collection a pour objectif de mettre en œuvre des productions destinées à des accrochages de la sphère de l'intime. La sélection des artistes contemporains, dont la traduction du langage plastique interroge avec pertinence l’écriture du point de tapisserie, du textile dans son actualité et des qualités intrinsèques d’une image qui apparaît dans l’étoffe par le biais d'une transcription spécifique, viennent actualiser le médium.
Cette série d’œuvres se pense, dès la conception, au regard de la technique patrimoniale d’Aubusson et développe une vision prospective de la place de la tapisserie, interroge la qualité narrative, figurative, prise dans les enjeux actuels tels que le numérique, les questions de représentation, de dimensions et de définitions du visible."
Mathieu Buard.
L'artiste
Né en 1982 à Caracas, au Venezuela, Raúl Illarramendi a débuté sa formation artistique en 1998 comme assistant du peintre Felix Perdomo. Il est devenu membre du Circulo de Dibujo du musée d’Art contemporain de Caracas Sofia Imber avant d’aller étudier les beaux-arts et l’histoire de l’art à l’University of Southern Indiana, à Evansville, aux États-Unis. Son travail a reçu différents prix aux États-Unis et en France, le dernier en date étant le prix Jean Chevalier en 2011, récompense attribuée à un peintre de la région Rhône-Alpes ou des régions contiguës. Raúl Illarramendi vit et travaille à Méru, dans l’Oise, en France.
Les lissières
L'Atelier Just'Lissières est un atelier de tissage d'un nouveau genre, créé par plusieurs jeunes lissières diplômées du Brevet des Métiers d'Art "Art de la tapisserie de basse-lisse" en 2018, sous forme collective, avec un fonctionnement horizontal où chacune reste indépendante. En 2019, le collectif s'est vu confier la réalisation de l'œuvre C'est l'Aube de l'artiste eL Seed prévue pour le printemps 2020, ainsi que le premier "Carré d'Aubusson".
Le 26 février 2020 paraît aux Éditions de l’Attente Les Horizons perdus de Jean-Daniel Baltassat et Stephen Horne – autour de l’installation artistique éponyme de Delphine Ciavaldini à la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson. À découvrir en avant-première à Aubusson et Felletin dès le 14 février.
Ce livre vient s’inscrire dans une toute nouvelle collection proposée par l’éditeur bordelais, « L’art à lire » dédiée aux écrits sur l’art. L’ouvrage, bilingue français/anglais, est constitué d’un texte introductif poétique par Jean-Daniel Baltassat (traduit en anglais par Jennifer K. Dick) et d’un texte critique et didactique par Stephen Horne (traduit en français par Pascal Poyet), autour de l’œuvre in situ de l’artiste. Un cahier 16 pages d’images en couleur vient s’insérer dans le livre pour restituer la dimension visuelle de l’installation en fils de laine. Photographies de Zoé Forget.
Extrait (texte de J.-D. Baltassat, p. 7) :
Tôt dans l’histoire des humains les fibres
— lin laine chanvre jute
abaca kapok alfa genet
yack maguey ou sisal,
d’autres encore —
les fibres brins fils vibrent entre les doigts des femmes. S’étirent, se nouent, s’assemblent, tissent et tapissent le monde humain d’ouvrages de tisserandes discrètes, inventant déployant la première langue de nos tribus — géométries de lignes, plans, surfaces et torsions de brins — langue de notre conscience face au cosmos immense, mouvant, si terriblement énigmatique, si menaçant.
Les auteurs :
• Jean-Daniel Baltassat est né en 1949 en Haute-Savoie. Après des études d’histoire de l’art, de cinéma et de photographie, il devient de 1972 à 1979 directeur artistique pour différentes agences de publicité et maisons de mode. Dans le même temps, il crée une galerie/coopérative à Paris (1973/1977) « La Manivelle ». À partir du milieu des années 1980, il se consacre exclusivement à l’écriture, considérant l’écriture romanesque comme une « vie de métiers et un métier de vies ». Son premier roman, « La falaise », paru en 1987, figure dans la sélection du Prix Nocturne en 2014. Son neuvième roman, « Le Divan de Staline » (liste Goncourt 2013) a été adapté au cinéma par Fanny Ardant. Son dernier livre, « La tristesse des femmes en mousseline », est arrivé deuxième pour le prix Voix des lecteurs de Nouvelle-Aquitaine 2019.
• Stephen Horne est un critique d’art et commissaire d’exposition indépendant canadien. Il vit en France, dans la Creuse, et à Montréal, Canada. Ses commentaires et ses essais sont publiés à l’international dans des revues, des anthologies et des catalogues d’exposition. Comme professeur au Nova Scotia College of Art and Design et à l’Université Concordia, Stephen Horne a enseigné les arts médiatiques, la théorie et la critique. Ses publications récentes comprennent notamment des essais pour des catalogues du Musée des beaux-arts du Canada et du Musée d’art contemporain de Montréal.
Le livre est présenté en avant-première dans le cadre d’une rencontre-dédicace avec Jean-Daniel Baltassat, Stephen Horne et Delphine Ciavaldini à la médiathèque de Felletin (23) le 14 février 2020 à 18h30.
Fondées en 1992 à Bordeaux par Franck Pruja et Françoise Valéry au terme de leurs études aux Beaux-Arts, les Éditions de l’Attente publient une littérature poétique de recherche et de création qui s’invente et se renouvelle au croisement des genres littéraires : fictions poétiques, nouvelles, textes inclassables, œuvres oulipiennes, écrits d’artistes… Des écritures irriguées de pratiques et questionnements satellites : musique, sciences, cinéma, politique, arts plastiques ou numériques, écologie… révélant des visions du monde à la fois poétiques, critiques et philosophiques, souvent tragi-comiques, animant et questionnant une langue innovante et ancrée, usuelle et intellectuelle.
Leurs publications sont souvent supports de performances scéniques par leurs auteurs, ou supports d'ateliers en milieu scolaire, universitaire ou dans le cadre d’actions socio-culturelles auprès de personnes proches ou éloignées de la littérature : la poésie contemporaine a le potentiel d’ouvrir à la lecture et à l’écriture...
Dès sa réouverture le 1er février 2020, la Cité internationale de la tapisserie présente une Nef des Tentures repensée : plus de trente tapisseries, soit près des deux tiers des œuvres tissées mises en avant dans cet espace sont renouvelées afin de présenter l’évolution de l’art du tissage pendant près de six siècles dans la région d’Aubusson, avec notamment de nouvelles grandes séries narratives du XVIIe siècle, jusqu’aux signatures les plus prestigieuses du XXe siècle, comme Picasso, Vasarely, Kandisky, Le Corbusier ou encore Matégot.
À partir de la première moitié du XVIIe siècle, les cartonniers de la région d’Aubusson accompagnent la popularité des grandes œuvres littéraires, des récits bibliques, mythologiques ou littéraires, en proposant des séries de tapisseries, appelées « tentures » tirées d’estampes ou de peintures ; l’importance des surfaces tissées permettant de dérouler le fil narratif d’une histoire. En 2020, la section consacrée aux grandes tentures narratives vous plonge dans de nouveaux récits : une pièce est issue d'une suite illustrant l'histoire d'Ariane d'après le roman Ariane de Jean Desmaret de Saint-Sorlin (1595-1676), Ariane accueille Mélinte à Syracuse (vers 1650) d’après Claude Vignon. Plusieurs œuvres sont signées du peintre Isaac Moillon : l’histoire de Didon et Enée se découvre à travers 2 œuvres, dont un don récent de Yvan Maes De Wit (Manufacture royale De Wit), Le Suicide de Didon. Les peintures d’Issac Moillon ont engendré onze tissages d’épisodes de l’histoire de Psyché, dont trois sont conservés à la Cité de la tapisserie et présentés dans cet accrochage.
Le XVIIIe siècle voit l’essor des tissages fins, réalisés pour une clientèle européenne friande de produits de luxe en ameublement. Montezuma et Cortés, notamment, représentant la rencontre entre le puissant chef aztèque Moctezuma et le conquistador de l’actuel Mexique Hernán Cortés, illustre le goût de l’exotisme en vogue à l’époque.
Une rareté accompagne ces tapisseries fines : un authentique plomb de la Manufacture Royale (vers 1760-1770) que l’on apposait afin de garantir la qualité et l’authenticité d’une tapisserie, l’un des seuls conservés dans une collection publique française.
Les productions du XXe siècle sont renouvelées, avec en ouverture une rarissime tapisserie de style Art Nouveau réalisées à Aubusson, Les Perroquets de Henry de Waroquier.
Sont mises en avant les recherches d’artistes comme Paul Deltombe en broderie, cette technique réalisée par les femmes de leur entourage proche leur permettant d’expérimenter la dimension textile de leurs œuvres en se détachant des pratiques des ateliers de tapisserie de l’époque. Ces recherches artistiques sont aujourd’hui considérées comme l’une des sources du mouvement de Rénovation de la tapisserie porté par l’École nationale d’Art décoratif et son directeur Antoine-Marius Martin dès 1917. Ainsi, l’on découvrira une broderie de Paul Deltombe, ami intime d’Antoine-Marius Martin, La Porteuse de fruits (offerte par le galeriste Berdj Achdjian à la suite de l’exposition temporaire de la Cité internationale de la tapisserie en 2018, « Broderies d’Artistes »). Le travail de l’École nationale d’Art Décoratif visant le renouveau de la tapisserie, et présenté notamment à travers l’Exposition internationale des Arts Décoratifs de Paris en 1925, est illustré par des œuvres de Paul Véra ou encore Georgette Agutte (qui sera la première artiste à faire don d’une série d’œuvres des avant-gardes françaises à une collection nationale).
La section consacrée au XXe siècle porte haut les couleurs des peintres cartonniers, avec, entre autres, la plus grande tapisserie de Jean Lurçat conservée dans les collections de la Cité de la tapisserie, Le Temps, ou encore L’Astrolabe de Jean Picart-Le-Doux. Le Cerf Volant du grand designer Mathieu Matégot rappelle son activité, peu connue aujourd’hui de peintre cartonnier – et qui pourtant sera si marquante pour lui qu’il délaissera peu à peu la création de mobilier design pour se consacrer à la création de cartons de tapisseries.
Un portrait de Guy Sallandrouze (1934-2019) enfant, descendant de la famille Sallandrouze à l’origine de la plus grande manufacture d’Aubusson au début du XIXe siècle, témoigne de la résidence de Jean Lurçat avec sa famille à Aubusson, dans le contexte de la deuxième guerre mondiale. L’œuvre, don récent de la Société des Amis de la Cité internationale de la tapisserie et de son musée, est signée de la deuxième épouse de Jean Lurçat, Rossane, qui vécut à Aubusson de 1939 à 1941 et y fit le portrait de dizaines d’habitants, dont beaucoup de lissiers. Cette œuvre de grande qualité, parmi les sept portraits conservés par la Cité de la tapisserie, rend hommage à cette artiste, dessinatrice sensible et d’une grande délicatesse aujourd’hui éclipsée par le charisme de son mari.
Le plan de relance de la tapisserie dans les années 1980, lancé par le Ministère de la Culture et le Centre national des Arts plastiques, est évoqué à travers une œuvre monumentale du peintre cartonnier Daniel Riberzani qui en fut le premier jeune boursier : La Rencontre du Cannibale et des Carnassiers, prêt d’une collectionneuse privée.
En parallèle des travaux des peintre cartonniers, l’on se plonge dans le mouvement des « tapisseries de peintres », nécessitant l’intervention d’un intermédiaire pour la transposition des maquettes des grands artistes en cartons pour la tapisserie, comme le fut notamment le professeur de l’École nationale d’Art décoratif d’Aubusson Pierre Baudouin. Les avant-gardes du XXe siècle y sont largement représentés, avec des œuvres de Robert Delaunay, Alexander Calder, Pablo Picasso, Max Ernst, Vassily Kandinsky, Victor Vasarely, pièces issues de prêts du Mobilier national ou d’acquisitions récentes. Prêt du Mobilier national, une pièce de Le Corbusier, L’ennui régnait au dehors, montre la collaboration, peu connue, entre Victor Vasarely et l’architecte pour la mise au point de nombreux cartons de tapisserie.
Le parcours s’achève sur une évocation des recherches des années 1930, avec notamment le monumental Saturne (l’homme) du diptyque Les Saisons et les Arts de Jean Lurçat pour l’éditrice Marie Cuttoli. Pomone, la femme de ce diptyque, est prêtée pour 2020 à la prestigieuse Fondation Barnes de Philadelphie, qui consacre une rétrospective aux tapisseries de Marie Cuttoli et emprunte également à la Cité de la tapisserie Shadows de Man Ray.
L’accrochage de la Nef permet d’observer la tapisserie et son carton : Cuttoli commandait aux artistes une huile sur toile qui était directement installée sur le métier et tissée !
La présidente et l'équipe de la Cité internationale de la tapisserie à Aubusson ont appris avec une très grande tristesse le décès de Christopher Tolkien dans la nuit de mercredi à jeudi. Leurs pensées vont à son épouse Baillie Tolkien, à leurs enfants et à toute leur famille.
Il y a un an, Christopher découvrait les quatre premières tapisseries de la Tenture Tolkien à l'Abbaye du Thoronet grâce au concours du Centre des Monuments nationaux. Il n'aura malheureusement pas eu le temps de voir les dernières tapisseries qui devaient lui être présentées ce printemps, dont Rivendell qui avait une importance toute particulière à ses yeux.
Très attaché à faire connaître l'œuvre graphique de son père, Christopher a joué un rôle fondamental dans la sélection des dessins originaux de J. R. R. Tolkien retenus pour le projet "Aubusson tisse Tolkien".
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Le beau paysage de Mithrim a été libéré de son métier dans les Ateliers Pinton après 1 800 heures de travail. La septième pièce de la tenture est restée quelques heures dans l’amphithéâtre de la Cité de la tapisserie avant de partir rejoindre 3 autres tapisseries Tolkien présentées à la BnF à Paris jusqu’au 16 février 2020, dans le cadre de la grande exposition dédiée à J.R.R. Tolkien.
Tombée du métier dans les Ateliers Pinton à Felletin, Mihtrim s’est ensuite dévoilée peu à peu dans l’amphithéâtre de la Cité, sous le regard attentif du public. Un moment d’émotion et de partage avec les lissiers et les spectateurs que Jean-François Giraud, Président du Crédit Agricole Centre France et mécène de ce tissage, a ressenti durant le dévoilement : « C’est vraiment un moment magique. »
Une exclusivité pour ceux qui étaient présents ce jour-là puisque Mithrim est restée quelques heures seulement à la Cité avant de partir en finitions de couture puis être convoyée vers la BnF (Bibliothèque nationale de France) pour la grande exposition « Tolkien voyage en Terre du Milieu » à Paris, aux côtés de trois autres tapisseries de l’opération « Aubusson tisse Tolkien » : Rivendell, Bilbo Comes to the Huts of the Raft-Elves et Halls of Manwë - Taniquetil.
Retrouvez la vidéo de la tombée de métier :
L’aquarelle originale
Le Silmarillion est une œuvre publiée à titre posthume en 1977 par le fils de J.R.R. Tolkien, Christopher. Commencé dans les années 1910, l’auteur y travaillera jusqu’à sa mort en 1973. Le Silmarillion retrace la genèse et les Premiers Âges de la Terre du Milieu. Après une introduction cosmogonique et une présentation des Valar, les puissances qui gouvernent le monde, l’ouvrage est constitué par la Quenta Silmarillion, un long récit racontant les tribulations et les exploits des Elfes jusqu’à la chute de Morgoth, le premier Seigneur des ténèbres. Le titre du livre provient des Silmarils, trois joyaux aux pouvoirs fabuleux qui sont au coeur de l’histoire. Le reste du livre est dédié à la gloire et la chute des Hommes de Nùmenor au Second Âge et à l’histoire de la Terre du Milieu jusqu’à la guerre de l’Anneau.
Le Silmarillion, La Formation de la Terre du Milieu (Extrait - Chapitre 13 « Le retour des Noldor »)
« Avant que la Lune vint éclipser la froide lumière des étoiles, l’armée de Feanor remonta l’estuaire du drengist entre les Collines de l’Echo, Ered Lomin, et atteignit le vaste territoire d’Hithlum. Quand ils arrivèrent sur la rive nord du grand lac Mithrim ils installèrent leur camp dans la région qui porte le même nom. Mais les hordes de Morgoth, alertées par le fracas de Lamoth et l’incendie de Losgar, traversèrent les cols des Montagnes de l’Ombre, Ered Wethrin, et attaquèrent Feanor par surprise avant que le camp ne soit complètement installé et en position de défense. Les plaines grises de Mithrim virent alors la Seconde Bataille des Guerres de Beleriand. »
L’interprétation tissée
Après avoir réalisé Halls of Manwë - Taniquetil, les Ateliers Pinton ont tissé, tout en longueur, le lac et les collines de Mithrim. Les couleurs froides de l’immense montagne ont laissé place aux couleurs chaudes et lumineuses de Mithrim.
5 mois de tissage, soit 1 800 heures de travail, ont été nécessaires aux lissiers et lissières pour réaliser cette oeuvre de 9 m2. Un travail long et rigoureux d’autant plus que Mithrim imposait une contrainte technique pour la rapidité du tissage. En effet, contrairement aux autres pièces de la Tenture Tolkien, la petite largeur de Mithrim ne laissait la place qu’à un seul lissier à la fois sur le métier à tisser.
Comme pour l’ensemble des pièces de la Tenture, le principe d’interprétation, inspiré des techniques des XVe et XVIe siècles : l’utilisation de couleurs pures et une écriture technique très marquée avec l’utilisation systématique de « battages ». Un choix pertinent, selon Lucas Pinton, directeur des Ateliers Pinton, expliquant que « ces battages, de près on les voit et quand on s’éloigne, tout paraît limpide et on ne les voit même plus. Et c’est ça qui est intéressant avec la tapisserie, c’est jamais dans le détail, c’est toujours de regarder l’ensemble avec du recul. »
Alors que la Bibliothèque nationale de France présente actuellement à Paris quatre tapisseries du projet "Aubusson tisse Tolkien" réalisé depuis fin 2017 par la Cité internationale de la tapisserie, l'aventure des tissages de cette série de tapisseries tirée d'illustrations originales de l'auteur britannique se poursuit à Aubusson. Une deuxième Lettre du Père Noël, huitième œuvre de la Tenture Tolkien, sera libérée du métier à tisser puis dévoilée dans l'après-midi du 20 décembre.
Christmas 1928 (Letter from Father Christmas, 1928) est la deuxième œuvre d'un ensemble de trois tapisseries d’après les Lettres du Père Noël (1926, 1928, 1933). La série des Lettres du Père Noël tient une place particulière dans la Tenture Tolkien, puisqu'il s'agit de pièces moins monumentales avec un tissage plus fin, pour souligner leur histoire, intimiste et familiale : chaque mois de décembre entre 1920 et 1943, J.R.R. Tolkien écrivit pour ses enfants une lettre signée du Père Noël et venant tout droit du Pôle Nord, accompagnée d’une illustration. Ces contes relant la vie du Père Noël et ses aventures avec son assistant l'Ours Polaire Karhu au Pôle Nord ont été édités par Baillie Tolkien en 1976.
Les trois tissages des Lettres du Père Noël font l'objet d’un financement spécifique par le Tolkien Trust.
Christmas 1928 est tirée de l'illustration de la lettre reçue par les enfants Tolkien en 1928. L'œuvre illustre l’une des nombreuses mésaventures de l’Ours Karhu, facétieux et maladroit assistant du Père Noël. Insistant pour transporter une grande quantité de paquets à la fois, sur sa tête et dans ses bras, pour les apporter dans les entrepôts, il tomba à la renverse dans les escaliers.
Le tissage a été confié à l'Atelier Guillot, guidé par un carton tracé par la peintre-cartonnière Delphine Mangeret. Les lissiers et les lissières se sont servis d’une cinquantaine de couleurs réalisées par le teinturier aubussonnais Thierry Roger et d’une seule matière, la laine.
Tout au long de la réalisation de cette tapisserie de 7,84 m2, l’Atelier Guillot a accueilli les élèves-lissières du Brevet des Métiers d'Art "Art de la Lisse" – dispensé à la Cité internationale de la tapisserie et coordonné par le GRETA du Limousin –, qui se sont réparties le travail pendant les 4 mois de tissage.
L'œuvre sera révélée pour la première fois en entier et sur l'endroit le 20 décembre prochain, à l'occasion de sa "tombée de métier", événement unique et spécifique à la tapisserie de basse-lisse – le tissage sur métier de basse-lisse s'effectuant sur l'envers et l'œuvre étant enroulée au fur et à mesure du tissage. Son dévoilement se déroulera en public dans l'amphithéâtre de la Cité de la tapisserie, dès 16h15.
Elle sera visible à la Cité internationale de la tapisserie pendant les fêtes, après les quelques jours nécessaires aux coutures de finitions. La Cité de la tapisserie fermera ensuite ses portes du 1er au 31 janvier 2020 afin de procéder à son nouvel accrochage et effectuer quelques réaménagements. Le public pourra de nouveau admirer les tapisseries Tolkien au cœur du parcours d'exposition dès la réouverture en février.